Mardi, on avance...
Si vous n'avez pas lu lundi, et si ce qui se passe dans une classe de collège vous intéresse, commencez par remonter à lundi !
Pour mardi matin, je viens ce midi car c'est déjà très chaud.
Je commence à 9 h 00. A 9 h 05, sortie d'un élève insolent qui commençait à me tutoyer... Je lui ai simplement dit "tais-toi un peu" car il parlait à voix haute au moment des consignes et il est parti en live "ouais !!!!! y'en a marre, je suis pas un chien ! Tu ne me donnes pas d'ordre, faut me respecter... je me tairais si je veux d'abord j'ai bien le droit de parler. T'es qu'une prof, j'ai pas à t'obéir ... " Quand ça part comme ça, on sait comment ça finit.
Les autres étant calmes, je l'ai viré sans le moindre état d'âme: vie scolaire avec un travail. Il a accepté de partir, en disant toutefois qu'il se plaindrait à qui de droit de ce traitement inadmissible.
Les plus affreux de la classe étant absents, on a travaillé tranquillement et l'heure était prometteuse. Enfin ! On a travaillé tranquillement... 10 minutes, pas une de plus. Jusqu'à 9 h 15.
On frappe à la porte, j'ouvre... Intrusion de deux parents qui me menacent parce qu'il faut que je m'explique sur pourquoi j'en veux à leur enfant (le retardataire parano d'hier). Il ne veut pas venir à l'école donc c'est ma faute (bien entendu, c'est forcément de ma faute alors que les frères ainés inscrits chez nous ont tous été des grands absentéistes, avant même que je sois prof à la SEGPA), alors ... Menaces verbales et geste très désagréable. Pas polis du tout, du tout... je dis tranquillement que je suis en cours. Mais ils forcent la porte et s'avancent dans la classe pour menacer un élève de la classe, du poing: toi aussi tu vas voir ce que tu vas prendre, c'est toi qui ...
Je m'intercale, les pousse vers la sortie et leur ferme la porte au nez. Morte de trouille, je la tiens pour éviter une nouvelle intrusion (ils criaient et voulaient forcer l'entrée) et je fais partir par la sortie de secours 2 élèves chercher du renfort en courant à la vie scolaire !
Le gamin menacé s'effondre en larmes. Je suis tremblante... j'entends la vie scolaire emmener les parents, on peut respirer... Evidemment, 15 minutes pour reprendre la main et se remettre au travail... Le coeur n'y est plus, mais on travaillote gentiment, hormis le gamin menacé qui est toujours très mal, et que j'essaie de rassurer par une fausse tranquillité de surface et de douces paroles. L'heure se termine tranquillement. Ouf !
Mais à la récré de 10 h, alors que j'aurais bien besoin de reprendre mon souffle, mes deux gamins borderline (celui que j'ai sorti à 9 h 05 et un autre, arrivé en retard) m'attendent pour me parler. Bonne idée, je vais tenter de les réintroduire en classe après la récré. Donc on va redire les règles. L'un après l'autre, pas les deux en même temps.
Ils grognent parce que je ne veux pas les voir ensemble, mais ça se fait.
Le premier, je lui explique: OK je t'ai sortie tout à l'heure pour ton insolence, mais après la récré, tu reviens, tu vas être poli, tu sortiras tes affaires et tu ne parleras pas sans y être invité et ce sera seulement à propos du travail... Le gamin ne me regarde pas, n'est pas très poli, mais bon... ça se tente. C'est mon boulot. Il faut le faire. Cela peut marcher. Des fois, ça marche.
Au suivant. Celui là est énervé. C'est mon hystérique parano, celui qui parfois pète un cable juste parce qu'un autre élève le regarde... il me demande des comptes, pourquoi je ne l'aime pas... pourquoi je fais des rapports sur lui... il ne comprend pas pourquoi. Je prends le dernier rapport sur son comportement, que je commence à lui lire en lui disant: c'est vrai ou c'est pas vrai ? C'est normal, ça, ou pas ? Il hurle que c'est faux, fait mine de me l'arracher des mains et me dit que PAR MA FAUTE, sa mère a pleuré la dernière fois qu'on l'a appelée et que je suis responsable... Il se dresse devant moi, tendu, très près, poings fermés, menaçant...
Plus moyen de communiquer! Très calmement, je lui ai dit: bon, c'est ma pause, tu sors. Mais il me criait après et refusait de sortir, alors je l'ai gentiment emmené et poussé vers la sortie (main doucement posée dans son dos), il m'insultait... j'ai refermé la porte pour respirer, et encore une fois, je l'ai tenue pour qu'il ne la rouvre pas... ça l'a énervé et il s'est mis à hurler et à donner des coups de poing et de pied dans la porte...
Heureusement un prof homme passait par là et l'a pris en charge. Merci.
Du coup, point de pause. Je suis allée voir le principal pour l'informer de tout ça, notre directeur étant absent. Quand je suis revenue en cours, il a fait une colère phénoménale pour venir s'imposer en classe mais la vie scolaire me l'a emmené, estimant avec juste raison qu'il ne pouvait travailler dans cet état d'hystérie. Les parents ont été appelés et l'enfant a été remis à sa mère !
Ah, oui, j'ai oublié: le charmant bambin exclu le matin avait passé son heure d'exclusion à écrire une pétition contre moi qu'il a fait signer à tous ses camarades afin que je sois renvoyée et ils l'ont présentée au principal ce midi. Franc succès car nous avons heureusement un principal qui nous soutient.
Je suis à bout, je n'en peux plus. J'ai aussi été obligé de sortir le second, celui de la pétition, qui avait promis de faire des efforts, j'ai tenu 45 minutes mais comme on ne pouvait pas travailler... Il a aussi été remis à sa famille !
Il m'a également menacée (c'est la pleine lune ou quoi ?): "oui, vous allez voir si jamais je vais en famille d'accueil à cause de vos rapports !" (oui, il doit présenter son bulletin scolaire au juge pour enfant la semaine prochaine, histoire de voir le travail et le comportement: le juge va être navré !!!!!!!!!)
Bref... faut que je réfléchisse aussi au fait que peutêtre mon blog visible sur le net puisse ou ne puisse pas être mon exhutoire même si je ne donne pas le nom de mes élèves... il faut respecter tout ce qui les entoure, c'est normal.
Respecter le prof, non. Mais respecter les élèves, même si on en arrive à mal leur parler quand ils nous excèdent, ça, il faut tenir bon. Car sinon... pffffff.
Ah, j'ai oublié: un bonheur n'arrivant jamais seul, à 11 h un grand ballot de 3ème s'est éclaté la tête sur un montant de porte (il jouait virtuellement au basket... mais sous la porte, ça n'est pas passé, j'ai vu le coup venir, je lui ai crié: du calme ! ou un truc dans le genre mais c'était trop tard)... assommé, groggy, saignant comme un boeuf, 45 min pour faire venir le SAMU en maintenant des pansements compressifs sur sa t^te, la totale. Il a fallu évacuer les élèves vers leurs classes respectives, etc... etc... etc... calmer l'inquiétude des autres, etc... et puis comme le SAMU s'est mis devant la verrière de nos classes pour l'évacuer, on a parlé des procédures de secours aux victimes d'accident, que faire d'autre ?
Tout va bien à la segpa... ce n'est plus de la routine, tout ça, mais on a peur que ça le devienne ! C'est ça le plus terrifiant.
Vous m'auriez vu ce matin, vous auriez probablement pensé que je suis une sacrée professionnelle: extérieurement, on aurait pu croire à mon calme, à ma maîtrise des évènements... d'ailleurs, oui, j'ai été nickel, je trouve: ni colère, ni réaction instinctive, ni mot plus haut que l'autre, rien. J'ai géré. J'ai géré au mieux. Evènement après évènement, j'ai géré. Je n'en reviens pas. J'ai géré. Sauf que ce que j'ai géré, c'est l'ingérable... et qu'à l'intérieur de moi, c'est la ruine. Je ne sais même pas comment je tiens.
Ce midi, je suis vidée et je viens de mesurer ma tension: elle est de 9/6. La grande forme. Combien de temps puis-je encore faire cela ?
Si vous n'avez pas lu lundi, et si ce qui se passe dans une classe de collège vous intéresse, commencez par remonter à lundi !
Pour mardi matin, je viens ce midi car c'est déjà très chaud.
Je commence à 9 h 00. A 9 h 05, sortie d'un élève insolent qui commençait à me tutoyer... Je lui ai simplement dit "tais-toi un peu" car il parlait à voix haute au moment des consignes et il est parti en live "ouais !!!!! y'en a marre, je suis pas un chien ! Tu ne me donnes pas d'ordre, faut me respecter... je me tairais si je veux d'abord j'ai bien le droit de parler. T'es qu'une prof, j'ai pas à t'obéir ... " Quand ça part comme ça, on sait comment ça finit.
Les autres étant calmes, je l'ai viré sans le moindre état d'âme: vie scolaire avec un travail. Il a accepté de partir, en disant toutefois qu'il se plaindrait à qui de droit de ce traitement inadmissible.
Les plus affreux de la classe étant absents, on a travaillé tranquillement et l'heure était prometteuse. Enfin ! On a travaillé tranquillement... 10 minutes, pas une de plus. Jusqu'à 9 h 15.
On frappe à la porte, j'ouvre... Intrusion de deux parents qui me menacent parce qu'il faut que je m'explique sur pourquoi j'en veux à leur enfant (le retardataire parano d'hier). Il ne veut pas venir à l'école donc c'est ma faute (bien entendu, c'est forcément de ma faute alors que les frères ainés inscrits chez nous ont tous été des grands absentéistes, avant même que je sois prof à la SEGPA), alors ... Menaces verbales et geste très désagréable. Pas polis du tout, du tout... je dis tranquillement que je suis en cours. Mais ils forcent la porte et s'avancent dans la classe pour menacer un élève de la classe, du poing: toi aussi tu vas voir ce que tu vas prendre, c'est toi qui ...
Je m'intercale, les pousse vers la sortie et leur ferme la porte au nez. Morte de trouille, je la tiens pour éviter une nouvelle intrusion (ils criaient et voulaient forcer l'entrée) et je fais partir par la sortie de secours 2 élèves chercher du renfort en courant à la vie scolaire !
Le gamin menacé s'effondre en larmes. Je suis tremblante... j'entends la vie scolaire emmener les parents, on peut respirer... Evidemment, 15 minutes pour reprendre la main et se remettre au travail... Le coeur n'y est plus, mais on travaillote gentiment, hormis le gamin menacé qui est toujours très mal, et que j'essaie de rassurer par une fausse tranquillité de surface et de douces paroles. L'heure se termine tranquillement. Ouf !
Mais à la récré de 10 h, alors que j'aurais bien besoin de reprendre mon souffle, mes deux gamins borderline (celui que j'ai sorti à 9 h 05 et un autre, arrivé en retard) m'attendent pour me parler. Bonne idée, je vais tenter de les réintroduire en classe après la récré. Donc on va redire les règles. L'un après l'autre, pas les deux en même temps.
Ils grognent parce que je ne veux pas les voir ensemble, mais ça se fait.
Le premier, je lui explique: OK je t'ai sortie tout à l'heure pour ton insolence, mais après la récré, tu reviens, tu vas être poli, tu sortiras tes affaires et tu ne parleras pas sans y être invité et ce sera seulement à propos du travail... Le gamin ne me regarde pas, n'est pas très poli, mais bon... ça se tente. C'est mon boulot. Il faut le faire. Cela peut marcher. Des fois, ça marche.
Au suivant. Celui là est énervé. C'est mon hystérique parano, celui qui parfois pète un cable juste parce qu'un autre élève le regarde... il me demande des comptes, pourquoi je ne l'aime pas... pourquoi je fais des rapports sur lui... il ne comprend pas pourquoi. Je prends le dernier rapport sur son comportement, que je commence à lui lire en lui disant: c'est vrai ou c'est pas vrai ? C'est normal, ça, ou pas ? Il hurle que c'est faux, fait mine de me l'arracher des mains et me dit que PAR MA FAUTE, sa mère a pleuré la dernière fois qu'on l'a appelée et que je suis responsable... Il se dresse devant moi, tendu, très près, poings fermés, menaçant...
Plus moyen de communiquer! Très calmement, je lui ai dit: bon, c'est ma pause, tu sors. Mais il me criait après et refusait de sortir, alors je l'ai gentiment emmené et poussé vers la sortie (main doucement posée dans son dos), il m'insultait... j'ai refermé la porte pour respirer, et encore une fois, je l'ai tenue pour qu'il ne la rouvre pas... ça l'a énervé et il s'est mis à hurler et à donner des coups de poing et de pied dans la porte...
Heureusement un prof homme passait par là et l'a pris en charge. Merci.
Du coup, point de pause. Je suis allée voir le principal pour l'informer de tout ça, notre directeur étant absent. Quand je suis revenue en cours, il a fait une colère phénoménale pour venir s'imposer en classe mais la vie scolaire me l'a emmené, estimant avec juste raison qu'il ne pouvait travailler dans cet état d'hystérie. Les parents ont été appelés et l'enfant a été remis à sa mère !
Ah, oui, j'ai oublié: le charmant bambin exclu le matin avait passé son heure d'exclusion à écrire une pétition contre moi qu'il a fait signer à tous ses camarades afin que je sois renvoyée et ils l'ont présentée au principal ce midi. Franc succès car nous avons heureusement un principal qui nous soutient.
Je suis à bout, je n'en peux plus. J'ai aussi été obligé de sortir le second, celui de la pétition, qui avait promis de faire des efforts, j'ai tenu 45 minutes mais comme on ne pouvait pas travailler... Il a aussi été remis à sa famille !
Il m'a également menacée (c'est la pleine lune ou quoi ?): "oui, vous allez voir si jamais je vais en famille d'accueil à cause de vos rapports !" (oui, il doit présenter son bulletin scolaire au juge pour enfant la semaine prochaine, histoire de voir le travail et le comportement: le juge va être navré !!!!!!!!!)
Bref... faut que je réfléchisse aussi au fait que peutêtre mon blog visible sur le net puisse ou ne puisse pas être mon exhutoire même si je ne donne pas le nom de mes élèves... il faut respecter tout ce qui les entoure, c'est normal.
Respecter le prof, non. Mais respecter les élèves, même si on en arrive à mal leur parler quand ils nous excèdent, ça, il faut tenir bon. Car sinon... pffffff.
Ah, j'ai oublié: un bonheur n'arrivant jamais seul, à 11 h un grand ballot de 3ème s'est éclaté la tête sur un montant de porte (il jouait virtuellement au basket... mais sous la porte, ça n'est pas passé, j'ai vu le coup venir, je lui ai crié: du calme ! ou un truc dans le genre mais c'était trop tard)... assommé, groggy, saignant comme un boeuf, 45 min pour faire venir le SAMU en maintenant des pansements compressifs sur sa t^te, la totale. Il a fallu évacuer les élèves vers leurs classes respectives, etc... etc... etc... calmer l'inquiétude des autres, etc... et puis comme le SAMU s'est mis devant la verrière de nos classes pour l'évacuer, on a parlé des procédures de secours aux victimes d'accident, que faire d'autre ?
Tout va bien à la segpa... ce n'est plus de la routine, tout ça, mais on a peur que ça le devienne ! C'est ça le plus terrifiant.
Vous m'auriez vu ce matin, vous auriez probablement pensé que je suis une sacrée professionnelle: extérieurement, on aurait pu croire à mon calme, à ma maîtrise des évènements... d'ailleurs, oui, j'ai été nickel, je trouve: ni colère, ni réaction instinctive, ni mot plus haut que l'autre, rien. J'ai géré. J'ai géré au mieux. Evènement après évènement, j'ai géré. Je n'en reviens pas. J'ai géré. Sauf que ce que j'ai géré, c'est l'ingérable... et qu'à l'intérieur de moi, c'est la ruine. Je ne sais même pas comment je tiens.
Ce midi, je suis vidée et je viens de mesurer ma tension: elle est de 9/6. La grande forme. Combien de temps puis-je encore faire cela ?
Eh bien Agnés je me plainds de mes petits mais je crois que là ça devient plus qu'invivable ...iL va falloir vraiment te reposer pendant ces vacances ...Bon courage Agnés .Bizzzzzzzzzzzzzzz
RépondreSupprimereh bien, je pense que tu n'as rien à faire dans un endroit où il serait bon de mettre plutôt des garde-chiourme ....
RépondreSupprimerTire-toi de là : ne rempile pas pour l'année prochaine. C'est ta peau ou la leur. Choisis la tienne !
Oups... sincèrement, je ne voudrais pas ta place et j'espère que tu vas profiter des vacances de Pâques pour te reposer, me semble que tu en as bien besoin entre les élèves, ta musique, ta chrono, le site, le forum.... heuuuuu tu as assez avec 24h dans une journée??
RépondreSupprimerbon courage Agnès
RépondreSupprimer